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DES MARAIS A L’IMPLANTATION D’UN VILLAGE

Les premiers châteaux sont souvent érigés sur des mottes naturelles ou artificielles.

Un poste d’observation est vraisemblablement construit en haut d’un promontoire actuel du calvaire (ce qui fait 60 m d’altitude). Il domine la Plaine de la Scarpe. Lors des invasions normandes, les populations alertées, peuvent se mettre à l’abri dans les marais environnants.

Ce promontoire naturel voit la construction d’un premier château. La région est semi-forestière, les bâtis sont donc construits en bois (tour de garde, tour carrée sur 3 ou 4 étages, pallissade de défense avec des gros pieux). Le point faible de ces constructions c’est le feu.

ORIGINE DES SEIGNEURS DE MONTIGNI

Selon un récit légendaire sur la création de l’Abbaye d’Anchin (XIème siècle) deux chevaliers, l’un du pays d’Artois nommé Sihier, sire de Loos, et l’autre Gaultier, Seigneur de Montigni se retrouvent tous deux, après bien des querelles et discordes, à se raconter l’étrange rêve qu’ils ont fait chacun de leur côté, la nuit précédente.

Gaultier : neveu de Hugues, châtelain de Douai, seigneur de Montigni (en Ostrevant)

Sihier : oncle de Gaultier, châtelain de Loos et Coucelles, seigneur de Montigni (en Gohelle)

En effet, ils ont vu tous deux, dans une île non loin de là, un cerf blanc. Intrigués par ce songe, ils décident de se rendre sur les lieux et, n’en croyant pas leurs yeux, découvrent le cerf blanc, courant tout autour de l’île. Les 2 chevaliers, d’un commun accord, se réconcilient et font des projets.

L’île dont nous parlons, s’appelle l’île d’Anchin. Une Abbaye y voit le jour en 1079. C’est le temps de l’évangélisation, bon nombre d’abbayes sont construites ; c’est également le début des grands défrichements, de la vie commerciale et urbaine grâce à l’implantation des villages. Des luttes pour acquérir de nouvelles terres, et surtout d’accroître un pouvoir politique, font rage. A la fin du XI ème siècle, notre région est très mouvementée. Une grande partie de l’Ostrevant est détruite par l’Empereur de Germanie. Les seigneurs trouvent qu’il serait préférable de mieux bâtir, et en sécurité, sur une motte entourée d’eau. C’est ce que fait en toute logique, le propriétaire des lieux(1130/1140) Jusqu’à la moitié du XII ème siècle, les seigneurs qui nous concernent, ne portent pas le nom de Montigni. Seul prévaut leur prénom qui est héréditaire. C’est seulement après les Croisades qu’ils prennent un nom de famille, souvent celui de leur terre, et qu’ils y adjoignent un emblème (armoiries, blasons). C’est ainsi que Robert 1er, premier de la maison de Montigni prend pour blason : un lion d’argent debout avec ses griffes et sa langue rouge sur fond vert (de sinople au lion d’argent et lampassé de gueule)

LA FAMILLE DES MONTIGNI EST NEE

C’est Robert 1er qui fait bâtir un château ou donjon en grès et en briques sur ses terres. Après les destructions que fait l’Empereur de Germanie, en Ostrevant, Robert 1er a besoin d’asseoir son autorité. Le château de Montigni sort de terre, les premières armoiries apparaissent. La Chevalerie remplace la Noblesse féodale. Nous sommes au XIIème siècle.

Pour Montigni, ce sera :

de sinople au lion d’argent armé et lampassé de gueules ( un lion d’argent debout aux griffes et à la langue rouges sur fond vert). La famille de montigni est née. Elle durera jusqu’en 1415 En 1415, Robert VII meurt à la bataille d’Azincourt. Il est jeune et n’a pas d’héritier. Ainsi se termine l’histoire de la famille de Montigni qui a occupé durant 4 siècles les territoires de Montigni, Loffre et Vésignon(Lewarde). Les biens de la seigneurie de Montigni passent dans les mains de sa sœur Jeanne, épouse du prestigieux Comte de Hornes, Grand Veneur de l’Empire.

L’ emblème de la maison des Hornes :

D’ Or à trois cors ou trompes de gueules, virolés d’argent à l’embouchure à sénestre ( 3 cors ou trompes rouges, virolés de blanc, embouchure à gauche sur fond jaune) Le château appartiendra à la Maison des Hornes jusqu’en 1487.

En 1487, au siège de la ville de Guise, Frédéric de Hornes meurt. C’est sa fille, Marie de Hornes qui hérite de la seigneurie Montigni -Loffre -Vésignon. Marie a 10 ans. A 20 ans elle épouse en 1496, Philippe de Montmorency de 10 ans son aîné. Le château devient alors la propriété de la très ancienne Maison des Montmorency qui remonte au Xème siècle.

L’emblème de la Maison des Montmorency :

d’Or à la croix de gueule cantonnée de 4 alérions d’azur, qui devient après 1214, à la bataille de Bouvines, sur ordre du Roi Philippe Auguste, d’Or à la croix de gueule, cantonnée de 16 alérions d’azur (prise de 12 bannières ennemies) La réunion des familles de Hornes avec celle de Montmorency apporte aux jeunes époux des biens considérables. Ils auront 10 enfants Au décès de Philippe de Montmorency en 1526, Marie, Comtesse de Hornes devient douairière de ses biens propres et de ceux de son époux Philippe. Elle habite vraisemblablement le château de Montigni qui est encore une demeure importante. Elle participe à la restauration de l’église du Vésignon (Lewarde) dans laquelle on retrouve 2 colonnes armoriées évoquant les blasons de Marie de Hornes et de celui de Philippe de Montmorency.

Marie de Hornes décède en 1558

A cette époque, la région est sous domination espagnole. Elle englobe les Pays -Bas et une bonne partie du Nord de la France. Le Roi, Philippe II d’Espagne et son épouse sont très catholiques et très pieux. Les Pays-Bas deviennent le berceau d’un mouvement religieux qui n’accepte pas les richesses du catholicisme à la Papauté et dans les églises. Ce mouvement porte le nom de Protestantisme, il réunit des calvinistes, des luthériens, des huguenots... Pour empêcher que cette mouvance n’atteigne les villages du Nord de la France et les Pays-Bas du Sud, Philippe II d’Espagne envoie des prêtres qui font régner la terreur parmi les populations.

C’est l’INQUISITION

Pour faire plier et revenir dans le giron catholique les Nobles, sujets du roi aux Pays Bas, il envoie pour parlementer Philippe de Montmorency. Mais celui-ci prend parti pour la Noblesse et pour la nouvelle doctrine religieuse ! Le résultat ne se fait pas attendre. Il est accusé de crime de lèse-majesté et, sur l’ordre du roi, sera assassiné ! Son frère, Floris de Montmorency, qui a épousé Hélène de Melun, est lui envoyé en Espagne pour essayer de réconcilier le Roi d’Espagne et les dignitaires des Pays-Bas. Peu de temps après, il est lui aussi enfermé au Château de Simanca. A la suite d’une captivité de 2 longues années, il est exécuté le 16 octobre 1570 : il a 36 ans. Tous les condamnés par la politique de Philippe II d’Espagne voient leurs biens confisqués. Hélène de Melun, criblée de dettes, renonce à la succession de son mari Floris de Montmorency et perd aussi le Vésignon devant la Cour Suprême du Hainaut.

En 1574, elle épouse le très catholique Florent de Berlaymont et devient prévôte de Douai. A la mort de Hélène, celui-ci épouse Marguerite de Lalaing, Comtesse d’Escornaix. La Seigneurie de Montigny-Loffre servira de dotation pour créer en 1626, une congrégation de Chanoinesses régulières (qui a pour but l’éducation de jeunes filles nobles et pauvres) Pendant plus d’un siècle, les biens de la Seigneurie de Montigny-Loffre servent à alimenter le couvent des Chanoinesses(en Belgique actuellement), le couvent des Dames de Berlaymont, dont le blason est :

Après la Révolution, les biens des nobles, des seigneurs et de l’Eglise sont confisqués et redistribués au peuple. En 1793, le Château-Ferme devient la propriété de la famille Dovillers et ce jusqu’en 1945. Amédée Dovillers, dernier résident, cède le château en 1945 aux Houillères. Il sert entre autres, d’infirmerie pour les chevaux qui travaillent à la mine. Il est ensuite acheté par le SICAEI (Syndicat Inter Communal d’Aide à l’Enfance Inadaptée). Il abrite d’abord un CAT (Centre d’Aide par le Travail) pour des jeunes atteints de handicaps légers, qui devient plus tard ESAT. Restauration, entretien des espaces verts, soins et entretien des chevaux du Centre équestre sont les principaux pôles de travail de l’ESAT Les murs du Château appartiennent aux 63 communes qui composent le SICAEI. Chaque année depuis 1995, l’Association « Les Médiévales », en partenariat avec la Commune, l’Esat, la CCCO, le Département, y organise chaque début du mois de Mai, ses Fêtes Moyenâgeuses et ses Sons et Lumières.